Huda Shaarawi : une architecte du féminisme arabe

Dans l’histoire des mouvements féministes, certaines femmes ne se contentent pas de demander le changement, elles le construisent, pierre par pierre. C’est le cas notamment de Huda Shaarawi.

Enfance et premières années

Née en 1879 au Caire dans une famille aristocratique égyptienne, Huda Shaarawi grandit dans un contexte social traditionaliste. Contrairement au destin habituel des jeunes filles de son époque, elle bénéficie d’une éducation exceptionnelle, apprennant plusieurs langues et développant très tôt un amour pour la lecture et l’écriture. Mariée à l’âge de treize ans à son cousin Ali Shaarawi, cette union loin de la confiner aux rôles conventionnels de l’époque va lui permettre de se forger un esprit singulier.

Premiers engagements

En 1910, Huda accomplit ce qu’on peut considérer comme étant son premier geste de révolution. Elle ouvre une école qui, contrairement aux établissements traditionnels qui se concentraient uniquement sur les compétences pratiques, enseigne des matières académiques complètes, plantant ainsi les graines des droits pour que fleurisse l’égalité. Peu de temps après, Huda crée un dispensaire ouvert à tous sans distinction de classe ou d’appartenance religieuse. Quelques années plus tard, les marraines de ce dispensaire créeront une association d’alphabétisation et d’éducation dédiée aux jeunes filles défavorisées.

Le geste qui a changé l’histoire

La révolution égyptienne de 1919 marque un tournant dans le parcours de Huda Shaarawi. Après la Première Guerre mondiale, Ali son époux participe à la création du parti nationaliste Wafd qui lutte pour l’indépendance de l’Égypte. Huda Sharawi se joint à sa cause, et organise plusieurs manifestations nationalistes. En 1920, elle crée et préside le Comité central du Wafd. Après la mort de son mari en 1923, Huda fonde l’Union féministe égyptienne, qui défend les droits des femmes et en particulier l’accès à l’éducation, à l’Université et à la fonction publique. La même année, alors qu’elle revient d’un congrès international à Rome, elle décide de retirer publiquement son voile et de ne plus le porter. Un geste qui dépassera sa dimension personnelle pour devenir un véritable acte politique qui lui vaudra une renommée internationale.

Représentant son pays dans de nombreux congrès internationaux à travers l’Europe, l’engagement de Huda a permis de porter haut la voix des femmes arabes, défiant les stéréotypes occidentaux sur le féminisme. Son parcours révèle une autre vision du féminisme, un mouvement qui émerge de la culture même qu’il souhaite transformer, qui combine avec les traditions sans les rejeter, et qui puise sa légitimité dans la compréhension profonde des réalités locales. Ses mémoires, publiées sous le titre « Harem Years: The Memoirs of an Egyptian Feminist, 1879-1924 », sont un document historique essentiel du féminisme arabe.

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