L’inclusion des personnes en situation de handicap dans toutes les sphères de la société est une préoccupation majeure dans de nombreux pays. La Convention des Nations Unies relative aux droits des personnes handicapées ayant été ratifiée par de nombreux États, ces derniers ont l’obligation de veiller à ce que leurs droits prévus par ce texte soient connus, et surtout respectés. En effet, la Convention prévoit un ensemble de droits qui permettraient que les personnes vivant avec un handicap ne fassent plus l’objet d’exclusion et de discrimination. C’est le cas notamment de la participation à la vie politique. Si la participation politique des personnes en situation de handicap en général suscite de nombreux débats, la question de la participation des femmes en situation de handicap est souvent négligée. Analyse des défis et des enjeux.
Obstacles rencontrés par les femmes en situation de handicap en politique
Au Cameroun comme dans plusieurs pays, les femmes en situation de handicap sont doublement marginalisées. Subissant des discriminations en raison de leur genre et de leur handicap, elles ne bénéficient pas toujours des droits des femmes au même titre que toutes les autres femmes. Elles sont très souvent oubliées des politiques publiques, et même des actions des organisations qui luttent contre toutes les formes de violences faites aux femmes et/ou militent pour l’égalité entre les femmes et les hommes. En effet, de part et d’autres dans le monde, nombreuses sont les actions menées par des féministes et défenseurs des droits humains de l’Homme qui ont permis d’améliorer les droits des femmes et filles en général et les statistiques des femmes engagées dans la vie politique en particulier. Si les résultats sont appréciables, force est de constater que les femmes en situation de handicap semblent avoir été oubliées.
L’invisibilité des femmes et filles en situation de handicap est une situation qui favorise les nombreuses inégalités dont cette catégorie de femmes est sujette. Outre les nombreuses violences dont certaines sont victimes sans jamais avoir le courage de dénoncer ce qu’elles peuvent avoir subi, cette situation favorise la multiplicité des obstacles qui entravent l’accès de ses dernières à la scolarisation, la formation professionnelle, l’emploi, le droit de vote et la vie politique. Ceci est particulièrement vrai au Cameroun, où elles sont confrontées à des barrières sociales, physiques et économiques qui limitent leur participation à la vie politique. Par exemple, les infrastructures ne sont pas souvent accessibles aux femmes porteuses d’un handicap moteur qui utilisent un fauteuil roulant. En conséquence, leur présence aux différentes rencontres organisées par les partis politiques est rendue difficile. Un autre exemple est la barrière de la communication à laquelle peuvent être confrontées les femmes ayant un handicap sensoriel, en l’occurrence les sourdes et les muettes.
Les stéréotypes et préjugés sociaux qui renforcent la discrimination jouent également un rôle dans la sous-représentation des femmes en situation de handicap en politique au Cameroun dans divers pays d’Afrique et ailleurs. Elles sont souvent perçues comme des éternels enfants, incapables de prendre des décisions. Si leur citoyenneté n’en est pas impactée, ceci nuit toutefois à leur légitimité en tant que femme leader politique. Les données absentes concernant cette catégorie de femmes et jeunes filles sont un autre facteur qui favorise leur exclusion des problèmes concernant toutes les femmes et en particulier de la vie politique. De plus, les normes sociales et culturelles dominantes peuvent exclure ces femmes des processus décisionnels, les empêchant de faire entendre leur voix et d’être actrices du jeu politique de leur pays.
Enjeux de la participation politique des femmes en situation de handicap
La participation à la vie politique et à la vie publique est un droit prévu par la Convention des Nations Unies relative aux droits des personnes handicapées. L’article 29 de ladite Convention dispose en effet que : « Les États Parties garantissent aux personnes handicapées la jouissance des droits politiques et la possibilité de les exercer sur la base de l’égalité avec les autres […] ». L’on ne saurait nier les efforts qui sont réalisés pour se conformer à cette disposition, et permettre ainsi aux personnes en situation de handicap en général et aux femmes et filles en particulier de participer aux processus électoraux de leur pays. Dans plusieurs pays et notamment au Cameroun, ces efforts restent toutefois largement limités à donner la possibilité aux femmes en âge de voter d’exercer leur droit via le scrutin.
Rendre les bureaux de vote accessibles aux personnes à mobilité réduite s’est en effet inscrit dans les priorités. Quid de l’engagement pris par les États de faire en sorte que les personnes en situation de handicap en général et les femmes handicapées en particulier aient la possibilité d’être élues ? Alors que le combat pour la parité homme femme tend à produire des résultats positifs, les femmes en situation de handicap semblent continuer de porter le fardeau de l’exclusion. Quasiment absentes des Assemblées nationales, elles sont également inexistantes aux postes de responsabilités au sein des partis politiques.
À l’ère de la solidarité entre les femmes, du féminisme, de l’inclusion et de la réalisation des Objectifs de Développement Durable, il est crucial de reconnaître le potentiel et les contributions que les femmes en situation de handicap peuvent apporter à la vie politique. Leurs expériences personnelles et leurs perspectives sont susceptibles d’enrichir les débats, de favoriser une bonne démocratie, et de conduire à des politiques plus inclusives et équitables. Un bel exemple d’inclusion et d’égalité des chances et des droits est l’Espagne, avec l’accession de Mar Galcerán, femme politique trisomique, au siège de Députée. Créer un environnement politique plus inclusif pour favoriser la participation des femmes en politique est en effet un impératif, diverses mesures pouvant permettre d’y parvenir.
Favoriser la participation des femmes en situation de handicap à la vie politique : pistes de solutions
Plusieurs mesures peuvent être prises pour favoriser la participation des femmes handicapées à la vie politique et notamment aux élections municipales et législatives . On peut citer :
- La sensibilisation de la société dans son ensemble sur les enjeux liés à la participation politique de la personne handicapée en général et les femmes en particulier. Ce travail de sensibilisation doit être mené aussi bien par l’Etat que par les associations de la société civile ;
- La conscientisation des partis politiques à l’importance de la diversité et de l’inclusion en encourageant l’attribution de postes clés à des femmes en situation de handicap dotées des compétences utiles pour occuper lesdits postes. Le nombre de femmes candidates aux municipales pourrait ainsi augmenter ;
- L’organisation des formations spécifiques à destination des femmes en situation de handicap intéressées par la politique afin de renforcer leurs compétences et booster leur confiance ;
- La création des programmes de mentorat pour accompagner les femmes en situation de handicap dans leur parcours politique ;
- La mise en place de quota de femmes vivant avec un handicap dans la constitution des listes électorales, chose qui nécessite une forte mobilisation de différents acteurs de la société ;
- La collaboration avec les associations de défense des droits des femmes en situation de handicap qui nécessite que des activités comme celle que vous pouvez découvrir ici soient multipliées ;
- La mise en place des dispositifs de soutien et d’accompagnement des femmes pour faciliter l’accès des femmes porteuses de handicap aux fonctions politiques et administratives.
La participation des femmes en situation de handicap à la vie politique au Cameroun et ailleurs présente des défis importants. Elle est cependant essentielle pour garantir une représentation diversifiée et inclusive au sein des instances décisionnelles. Elle pourrait également contribuer à l’égalité des sexes si les aménagements nécessaires sont faits en tenant compte de la pluralité des déficiences et handicaps qui existent, des différents genres et des enfants handicapés appelés à être les adultes de demain. Prendre des mesures concrètes en amont de toute période électorale pour surmonter les obstacles rencontrés par cette catégorie de femmes et favoriser leur engagement politique est un impératif. Bâtir une société plus juste et égalitaire, un monde où personne n’est laissé de côté, nécessite de prendre en compte les voix de toutes les femmes, y compris celles en situation de handicap.
Très correct
Bel article