Initiatives locales et internationales pour promouvoir la participation politique des femmes en situation de handicap : Bonnes pratiques à suivre

La carte des femmes en politique 2021 établie par ONU Femme permet d’observer des inégalités généralisées entre les sexes. Au 1er Janvier 2021, le Cameroun occupait la 126ème place de ce classement, avec 7 femmes nommées à des postes ministériels contre 47 hommes, aucune  n’étant porteuse d’un handicap tel que défini par la loi de 2010 portant protection et promotion des personnes handicapées. La même réalité s’observe en ce qui concerne les élus. À ce jour, le pays compte 35 femmes maires sur 370 possibles, 33 femmes sénateurs sur 100 possibles et 61 députés sur 180 possibles, aucune n’étant porteuse d’un handicap au sens de la loi suscitée. Si l’on prône la représentation sociologique des groupes minoritaires, dans la réalité on assiste à une véritable discrimination sous le regard désintéressé de la population. Dans un rapport rédigé en 2018 sur la participation des hommes et des femmes porteurs d’un handicap à la vie politique au Cameroun, Sightsavers établit que 62,2% de femmes en situation de handicap interrogées ne participaient aux discussions politiques, 83% n’étaient membres d’aucun parti politique, et 89,1% n’assistaient pas aux séances du conseil municipal. La participation politique des femmes en situation de handicap est en pourtant un enjeu crucial pour garantir une représentation inclusive et équitable au sein des gouvernements et des instances décisionnelles. Si ces femmes continuent de faire face à de multiples barrières qui limitent leur accès à la sphère politique, des initiatives locales et internationales émergent pour surmonter ces obstacles et promouvoir leur participation active. Zoom sur quelques-unes de ces bonnes pratiques.

Sensibilisation et formation pour une garantir la participation des femmes en situation de handicap à la vie politique

L’une des premières étapes pour promouvoir la participation politique des femmes en situation de handicap au Cameroun et ailleurs consiste à sensibiliser la société aux défis auxquels elles sont confrontées et à fournir une formation adaptée. C’est à cet effet que des organisations locales organisent des ateliers et des campagnes de sensibilisation pour informer le public ainsi que les femmes handicapées sur leurs droits politiques, et les outiller pour s’engager afin d’être actrices des changements escomptés.

Les femmes et filles vivant avec un handicap ont en effet des perspectives uniques à apporter en politique. Encourager le leadership des femmes handicapées et leur fournir des opportunités de mentorat peut jouer un rôle important dans leur engagement politique. A cet effet, des programmes tels que le Réseau des Femmes Handicapées d’Afrique offrent un soutien et des conseils aux femmes handicapées aspirant à des postes de leadership politique, les aidant ainsi à surmonter les obstacles auxquels elles peuvent faire face afin et à atteindre leurs objectifs.

Législation inclusive pour favoriser la participation politique des femmes en situation de handicap

L’on ne saurait fermer les yeux sur la double discrimination dont sont sujettes les femmes en situation de handicap au Cameroun, discrimination qui se fait au mépris des textes auxquels est tenu l’Etat du Cameroun, notamment l’article 29 de la Convention des Nations Unies relatives aux droits des personnes en situation de handicap et les articles 9 et 23 du Protocole de Maputo. Par ailleurs, nonobstant l’existence d’un guide pour le développement local inclusif adopté par le Cameroun, la représentation de cette catégorie de femmes reste très faible et limitée avec moins de 5 représentantes aux conseils locaux, un chiffre qui reste approximatif en raison du manque de données officielles sur le sujet. Des réformes législatives sont nécessaires pour garantir une représentation politique équitable des femmes en situation de handicap.

Au Cameroun, loin des débats sur la modification du Code Electoral qui font l’objet d’une certaine actualité, il pourrait être indiqué de légiférer afin d’imposer de manière claire et nette un quota de femmes en situation de handicap dans les listes électorales. Vous pouvez soutenir ce plaidoyer en signant et en partageant cette pétition. Prévoir que la constitution de chaque liste de candidats doit tenir compte des différentes composantes sociologiques de la circonscription concernée et tenir compte en outre du facteur genre ne suffit plus. L’on ne saurait continuer de se cacher derrière le critère genre, âge et appartenance tribale des femmes pour dire que toutes les couches ont été représentées. Il est d’ailleurs important de relever que lorsqu’on parle de composantes sociologiques, elles font référence aux caractéristiques démographiques et sociales d’une population résidant en un lieu donné. Cela peut donc inclure des éléments tels que l’âge, le sexe, la composition ethnique, le niveau d’éducation, le statut socio-économique, le handicap.

Collaboration nationale et internationale pour promouvoir la participation politique des femmes en situation de handicap

La collaboration nationale et internationale joue un rôle crucial dans la promotion de la participation des femmes en situation de handicap à la vie politique au Cameroun et ailleurs. Grâce à des initiatives concertées et des partenariats solides, des progrès significatifs peuvent été réalisés pour garantir l’inclusion des groupes marginalisés dans les processus décisionnels. Collaborer avec des organisations telles que l’ONU Femmes peut permettre en effet de bénéficier de ressources supplémentaires et d’accéder à une expertise spécialisée pour promouvoir l’inclusion des femmes en situation de handicap dans la vie politique.

Outre la promotion de la mise en œuvre de politiques inclusives qui garantissent une représentation équitable des femmes en situation de handicap dans les instances décisionnelles, en partageant les expériences et les enseignements tirés d’autres pays le Cameroun peut s’inspirer de modèles efficaces pour promouvoir une participation politique significative des femmes handicapées. En unissant leurs forces, les acteurs locaux et internationaux peuvent œuvrer ensemble pour créer un environnement plus inclusif et équitable, où chaque voix compte et chaque femme a la possibilité de contribuer au développement de son pays.

En conclusion, la promotion de la participation politique des femmes en situation de handicap nécessite des efforts concertés aux niveaux local et international. En adoptant des approches inclusives, en sensibilisant la société et en mettant en œuvre des réformes législatives, nous pouvons créer un environnement politique plus équitable et représentatif pour toutes les femmes, indépendamment de leur handicap. L’accessibilité physique et la communication sont d’autres aspects essentiels pour permettre aux femmes en situation de handicap de s’engager pleinement dans la vie politique. Les initiatives locales visant à rendre les bureaux de vote accessibles, à fournir des informations électorales dans des formats accessibles et à garantir des services de traduction en langue des signes sont de ce fait cruciales.

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